11 mars 2021
En adoptant le programme InvestEU, mardi 9 mars, le Parlement européen espère susciter 372 milliards d'euros d'investissements pour relancer l'économie de l'Union européenne.
Les eurodéputés ont largement approuvé, mardi 9 mars, le programme InvestEU (496 voix pour, 57 voix contre, 140 abstentions), destiné à soutenir l’investissement dans l’Union européenne sur les six prochaines années. Cet instrument vient compléter le plan Next Generation EU de 750 milliards d'euros, mis en œuvre pour relancer l’économie de l’Union européenne touchée par la crise de la Covid-19.
« L’Union européenne a besoin d’investissements publics et privés pour renforcer sa compétitivité, sa productivité, sa cohésion territoriale et sociale et créer de l’emploi », estime l’eurodéputé portugais José Manuel Fernandes (PPE, centre droit), qui a suivi le dossier pour le Parlement européen. Dans cette optique, InvestEU établit une garantie de 26 milliards d’euros. Il s’agit d’inciter les investisseurs à soutenir des projets plus risqués en espérant, à terme, de lever jusqu’à 372 milliards d’euros.
InvestEU sera organisé en quatre volets d’action : les infrastructures durables ; la recherche, l’innovation et la numérisation ; les investissements sociaux ; les PME.
Négociations difficiles avec les Etats membres
« Le Parlement était plutôt unanime sur les priorités. La partie difficile des négociations a été avec le Conseil [représentant les Etats membres, NDLR] », révèle l’eurodéputé tchèque Ondřej Kovařík (Renew, libéraux). Dans un premier temps, le point de blocage a été le montant de la garantie. La Commission avait proposé 45 milliards d’euros, budget que les Etats ont souhaité réduire à 25 milliards. « Nous avons finalement réussi à obtenir un milliard supplémentaire », s’est réjoui José Manuel Fernandes (PPE, centre droit).
Puis, le Conseil a supprimé deux volets d’action sur les six proposés par la Commission, dont celui qui concernait les investissements stratégiques. Ce domaine était pourtant crucial aux yeux des eurodéputés. Il visait à restaurer l’autonomie de l’Union européenne dans des secteurs les plus sensibles (comme celui de la santé). Un compromis a finalement été trouvé : les investissements stratégiques pourront être financés par les quatre autres volets du programme.
Les parlementaires ont également réussi à obtenir la création d’un instrument de capitalisation des PME, auquel les Etats membres s’opposaient initialement. Pour José Manuel Fernandes, « c’est une vraie réussite pour couvrir les besoins de recapitalisation des entreprises qui se retrouvent menacées par la crise ».
Si InvestEU a reçu l’appui des principaux groupes politiques, de droite comme de gauche, les députés écologistes ont déploré un manque d’ambitions et se sont majoritairement abstenus. « C’est une opportunité manquée de concevoir un programme plus ambitieux et à la hauteur du défi climatique actuel », regrette ainsi l’eurodéputée Kira Peter-Hansen (Les Verts). Néanmoins, le programme prévoit que 30% des investissements soient consacrés à la réalisation des objectifs environnementaux du Green Deal, qui vise la neutralité carbone de l'Union européenne d’ici 2050.
Sarah Dupont