12 mars 2021
Mercredi 10 mars, le Parlement européen a organisé un débat sur la dégradation de la liberté de la presse en Pologne, en Hongrie et en Slovénie. Les eurodéputés ont réaffirmé l’importance de la liberté d’expression parmi les valeurs de l’Union.
« La situation se dégrade d'année en année dans plusieurs pays d’Europe centrale. Il faut des médias et des gouvernements en phase avec les valeurs de l’Union ! », s’est exclamé l’eurodéputé slovaque Vladimír Bilčík (PPE, centre droit) lors d’un débat organisé à Bruxelles, mercredi 10 mars. En accord avec les représentants du Conseil et de la Commission européenne présents dans l'hémicycle, les parlementaires ont insisté sur la garantie de la liberté des médias comme l’un des piliers des valeurs européennes.
La situation de la presse est jugée particulièrement préoccupante en Pologne, en Hongrie et en Slovénie. Dans ces trois pays, la pression sur les médias et les journalistes s’accentue. Mi-février, le projet du gouvernement polonais de taxer les revenus publicitaires a entraîné une grève de l’information sans précédent.
Pendant le débat, l’eurodéputé polonais Robert Biedroń (S&D, sociaux-démocrates) a choisi de « censurer » sa parole pour défendre la liberté de la presse en Pologne. © Capture d'écran de la session plénière du Parlement européen.
En Hongrie, la principale radio indépendante, Klubradio, a perdu son droit de diffusion. Des journalistes ont aussi été victimes de harcèlement et de menaces en Slovénie. « Le pays va prendre la tête du Conseil de l’Union européenne en juillet prochain. Le Premier ministre slovène, Janez Janša, devra faire respecter les valeurs de l’Union européenne », s’inquiète Pavol Szalai de l’organisation Reporters sans Frontières.
Un débat controversé
Certains eurodéputés ont contesté le bien-fondé même de ce débat. « Les institutions européennes utilisent cette discussion pour saper la légitimité des autorités élues de mon pays », a affirmé l’eurodéputé slovène Romana Tomc (PPE) membre du parti au gouvernement. L’opposition a été encore plus forte du côté des conservateurs. « La liberté de la presse est inscrite dans la Constitution polonaise. Ce débat se fonde sur la désinformation et les fake news », a critiqué l’eurodéputée polonaise et ancienne Première ministre Beata Szydło (ECR, conservateurs).
« Il va falloir être très vigilant »
Mais pour la Commission et le Conseil, le problème est bien réel et dépasse le cas de ces trois pays. « La situation des médias est en train de changer en Europe. Il va falloir être très vigilant », a alerté la Vice-présidente de la Commission en charge des valeurs et de la transparence, Věra Jourová. Elle a promis des recommandations pour améliorer la sécurité des journalistes, la mise en place d’initiatives contre les procédures baillons et le renforcement des obligations de transparence pour les propriétaires des médias.
Emma Steven