10 mars 2022
Mardi 8 mars, l'eurodéputée lettone (PPE, centre-droit), Sandra Kalniete, présentait le rapport sur les ingérences étrangères dont elle a eu la charge pendant 18 mois. Y est pointée du doigt la Russie notamment, alors que Vladimir Poutine envahit l’Ukraine. Une actualité qui rappelle l’histoire familiale de l’eurodéputée, sur laquelle elle s’est confiée en marge d’une conférence de presse.
C’est à Togour, en Sibérie, que Sandra Kalniete est née. Sa mère et son père ont été déportés par les autorités soviétiques respectivement en 1941 et 1949. Sa mère était considérée comme un « élément socialement dangereux », et son père était le fils d’un « bandit », un résistant qui combattait l’Armée rouge en Lettonie. C’est au goulag que ses parents se sont rencontrés et qu’ils ont eu leur unique fille en 1952. Malgré leur misère et le travail forcé dans une scierie, Sandra Kalniete raconte dans son autobiographie, En escarpins dans les neiges de Sibérie (éditions des Syrtes, 2003), avoir eu une enfance heureuse : « Mon univers se bornait à l’amour de mes parents. » Ceux-ci se démenaient pour lui cacher leurs souffrances.
Lorsqu’elle a cinq ans, sa famille est enfin autorisée à quitter la région de Tomsk et à retourner en Lettonie. Sandra Kalniete ne prendra réellement conscience de ce qu’ils ont vécu que dans les années 1980, lorsqu’elle s'engage pour la libération de la Lettonie. Elle a alors la trentaine. « Mes parents, une fois revenus du goulag, avaient tellement peur du pouvoir communiste qu’ils m’ont tout caché, pour me protéger. »
Après la pandémie vient le temps des leçons. Le mardi 8 mars, les eurodéputés se réunissaient pour voter en faveur d’un renforcement de la coopération transfrontalière dans le domaine de la santé. Développement d’infrastructures sur le territoire de l’Union européenne, incitation aux soignants à exercer en zones rurales ou promotion de l’utilisation de nouvelles technologies dans le secteur médical sont tant de mesures qui visent à réduire les disparités d’accès aux soins. En effet, deux ans de Covid-19 ont mis en lumière des inégalités pour les citoyens de l’Union européenne selon leur lieu de résidence. Les habitants de zones transfrontalières, moins développées ou à faible densité représentent des populations à risque face aux épidémies ou à certaines maladies graves. Une situation jugée « inacceptable » par le rapporteur croate Tomislav Sokol (PPE, centre-droit). Pour pallier ce problème, ce dernier souhaite utiliser différents fonds européens, dont ceux issus de la politique de cohésion pour les allouer au domaine de la santé.
« Nous sommes dans la pire situation depuis la guerre des Balkans », déplore Bogdan Rzońca, eurodéputé polonais (ECR, conservateurs). Mardi 8 mars, à l’initiative de la Commission européenne, les parlementaires ont débattu de la situation en Bosnie. L’État de trois millions d’habitants possède un découpage ethnique et territorial particulier. La fédération de Bosnie et la Republika Srpska (République serbe de Bosnie) sont deux entités qui disposent de leur propre Constitution, mais prennent des décisions conjointes dans certains domaines. Trente ans après la guerre qui a opposé le pays à la Serbie entre 1992 et 1995, Milorad Dodik, président de la Republika Srpska, n’a eu de cesse de marteler un discours sécessionniste. Il veut se détacher des institutions du pouvoir central et disposer de sa propre armée.
Au moment où la Russie envahit l’Ukraine, la connivence entre Milorad Dodik et Vladimir Poutine génère les craintes du Parlement européen. Selon l’eurodéputée néerlandaise Tineke Strik (Verts/ALE), « Milorad Dodik flirte avec le Kremlin. Le conflit ukrainien nous montre que l’UE doit préserver les Balkans de l’interférence russe. »
Alors que depuis 2016, la demande de candidature de la Bosnie en tant qu’État membre est restée lettre morte, la Commission européenne a élaboré un plan en 14 points pour accompagner le pays dans son projet d’intégration. Les récents événements risquent de rendre la perspective d’une adhésion plus lointaine. Depuis 2013, 500 000 personnes ont quitté l’ancienne république yougoslave.