Au lendemain de l'inauguration d'un capteur d'ondes voulu rassurant pour les habitants, rencontre avec ces derniers qui restent mitigés face à l'arrivée de la 5G dans leur commune.
La ville située au nord-est de Strasbourg est plutôt déserte durant la journée. Odette, perchée sur le perron de sa maison bleue fixe suspicieuse le clocher de l'église situé presque en face de chez elle. À l'intérieur de celui-ci se trouve la toute nouvelle antenne 5G. Interrogée au sujet de la technologie qui sert à relayer le réseau internet, elle répond par une question : « Mais vous, vous savez à quoi ça sert ? »
La retraitée a pourtant bien vu des professionnels aller et venir devant sa maison lors de l'installation de l'antenne 5G cachée dans le clocher il y a déjà plus d'un mois. Puis, ça a été le tour du capteur d'ondes, le 27 janvier. Odette déclare ne pas se sentir très concernée par tout ça : « Moi je n'ai pas besoin de plus d'internet, je suis bien comme ça. Après si ça contente les jeunes ... Tant que ce n'est pas dangereux. »
Odette déclare fièrement que son fils lui a expliqué à quoi servait le « bec de canard » installé il y a quelques jours et perché en haut du poteau électrique à côté de chez elle : « C'est pour vérifier qu'il n'y a pas de problème, c'est bien qu'ils vérifient, ça rassure, avec les nouvelles technologies, on ne sait jamais. »
L'initiative du capteur d'ondes revient à l'Eurométropole. Produit par l'entreprise Exem, huit d'entre eux doivent être installés non seulement à Oberhausbergen mais aussi à Strasbourg, Entzheim et Bischheim. Ils calculent en temps réel le niveau d'exposition de la population aux ondes. L'initiative très vantée par l'Eurométropole a été stratégiquement installée à cet endroit : une école jouxte l'église dans laquelle est logée l'antenne 5G. Il est aussi prévu qu'une carte interactive de l'Eurométropole retransmette ces informations en temps réel dans les prochains mois.
« Il faut toujours qu'il y ait une nouvelle lubie d'avancée technologique »
Amélie travaille dans le secteur bancaire à Oberhausbergen. Elle attend avec sa collègue devant une échoppe du centre-bourg : « À quoi sert la 5G ? Moi, je ne comprends pas pourquoi ils continuent à vouloir améliorer les choses, c'est déjà bien, la 4G. »
Sa collègue, Noémie renchérit : « Il faut toujours qu'il y ait une nouvelle lubie d'avancée technologique. Moi je viens d'Eschau [commune située au sud de Strasbourg], et ils viennent seulement de nous installer la fibre. Avant, c'était souvent galère. Ce serait mieux qu'ils proposent une meilleure égalité d'accès à internet que toujours plus de rapidité sur les téléphones alors que ça va déjà super vite la plupart du temps. »
Les deux collègues craignent aussi de devoir changer de mobile ou de subir une hausse de leurs factures téléphoniques. Pour Fyona, boulangère au Fournil d'O, dans le centre, il aurait été difficile de refuser le passage à la 5G : « Il y en a qui disent que ça pourrait avoir un impact sur la santé. Je n'y crois pas trop. Si ça fait qu'on télécharge plus vite, pourquoi pas. »
L'équipement du réseau 5G français est bâti par la firme chinoise Huawei. Une éventuelle menace de plus pour la protection des données personnelles des Français ? Pour Fyona, c'est surtout de la politique : « Je n'ai pas trop peur pour la protection de mes données, pas plus que maintenant je veux dire. On est déjà beaucoup exposés. »
Cécile Delattre, maire divers droite d'Oberhausbergen, considère que l'acceptabilité de ce dispositif dépend des efforts mis en place pour rassurer les habitants : « C'est l'État qui a décidé de mettre en place les réseaux 5G car les réseaux 3G et 4G seraient saturés. En revanche, nous avons -avec l'Eurométropole- organisé des conférences et décidé d'installer des capteurs d'ondes pour rassurer les habitants. »
L'Eurométropole a fait signer une charte numérique visant à protéger les données des utilisateurs de la 5G à tous les opérateurs téléphoniques, les bailleurs sociaux, ainsi que les maires d'une quinzaine de communes, dont Cécile Delattre, maire d'Oberhausbergen.
D'après l'élue, de nombreuses autres communes ne vont pas tarder à suivre : « La plupart des communes ont un conseil municipal par trimestre : si ils n'ont pas eu le temps de se mobiliser au dernier, ça va être le cas au prochain. »
Laure Solé