Ce matin sur Europe 1, l'amiral Guillaud, chef de l'état-major français, a jugé le décès du chef islamiste Abou Zeid « probable » mais incertain, faute d'avoir récupéré son corps.
Pour l'armée française, la prudence reste de mise concernant l'éventuelle disparition des chefs des deux principaux groupes djihadistes du Sahel Abou Zeid et Moktar Belmokhtar. L'amiral Guillaud n'a pu confirmer l'information annoncée par les autorités tchadiennes estimant la mort d'Abou Zeid « probable » :« Nous ne pouvons avoir de certitude pour l'instant, parce que nous n'avons pas récupéré le corps.»
Concernant l'autre chef djihadiste Moktar Belmokhtar, également donné mort par les tchadiens, le chef de l'état-major a appelé à « l'extrême prudence ». Des démentis ont paru dimanche soir sur des forums islamistes. Ce matin, un djihadiste d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a démenti la mort de Mokhtar Belmokhtar mais confirmé celle d'Abou Zeid, selon l'agence mauritanienne d'informations en ligne Sahara Medias. L'amiral Guillaud estime que même si l'information est vérifiée, il existe un autre chef qui pourrait prendre le relais. « Il y en a au moins un, celui qu'on appelle l'émir du grand Sahara et d'autres qui nous intéressent particulièrement parce que ce sont les patrons de tout ce qui est logistique», a-t-il déclaré.
Une organisation industrielle du terrorisme
Pour autant, l'amiral Guillaud juge que la France et ses alliés remplissent leur objectif au Mali en « cassant les reins d'Al Qaïda au Maghreb islamiste» tant en s'attaquant à leur système logistique qu'en traquant les têtes de réseaux. Car c'est une véritable « organisation industrielle du terrorisme » que les forces armées et tchadiennes découvrent sur le terrain. L'amiral cite « plus d'une cinquantaine de caches dans des maisons, des hangars ou des grottes », « plus d'une dizaine d'ateliers de fabrication y compris de bombes dans l'un des ateliers » ou encore « vingt bombes artisanales en cours de fabrication simultanément ». Pour le chef de l'état-major, cette organisation démontre « l'expansionnisme » des mouvements djihadistes.
L'amiral Guillaud a assuré que les militaires français n'étaient pas « surpris » par la violence des combats dans cette zone où a péri samedi un troisième soldat français. « Nous savons que nous avons affaire à des fanatiques », « des terroristes fanatisés, entraînés depuis des mois et même des années.» « Nous savions que ce serait la partie la plus dure de cette campagne. »
Les forces françaises et tchadiennes poursuivent les combats dans la zone du massif des Ifhogas dans le nord du Mali où sont retranchés les islamistes. « Nous avons nettoyé l'une des vallées, une vallée principale dans laquelle aussi bien les forces tchadiennes que les forces françaises avaient pénétré il y a une dizaine de jours » a détaillé l'amiral Guillaud en précisant qu' « à partir d'aujourd'hui nous allons continuer sur les autres vallées ».
Jessica Trochet avec AFP